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Les
sirènes qui rugissent, les alertes, les bombardements, et mon père, ancien combattant
de la guerre 14-18 survivant de Verdun. Les Allemands, la débâcle, notre sol
occupé, nos villes et villages martyrisés, mon frère déporté comme
travailleur obligatoire en Allemagne, voilà la situation en 1940 ! C’est
reparti, ça devait être la « der des der » qu’ils disaient ! Comme
tant d’autres, j’étais un enfant de la guerre dont les premières années
d’école furent passablement perturbées (descentes aux abris, restrictions,
etc.) L’éducation nationale connaissait déjà, alors, bien des soucis. Pour
nous tenir informés, nous écoutions la BBC : « Les Français parlent
aux Français ». Entre parenthèses, nous avions comme voisins, la famille
Guimoto, leurs deux filles jumelles dont l’une, Jacqueline François fit une
belle carrière de chanteuse à partir des années 48-49 … et fut ambassadrice
de la chanson française dans le monde entier. Voisin aussi, monsieur Roger
Dumas, comédien bien connu dans quelques séries TV et surtout au théâtre,
récemment aux côtés de J.-L. Trintignant ; ses parents étaient boulangers,
nous étions camarades d’école, ils nous assuraient de temps à autre du pain
sans tickets et du pain blanc, bien apprécié dans les temps difficiles que
nous traversions à la fin de la guerre. Fermons la parenthèse.
C’est
alors la France entière qui s’offre à moi : les grands cols (que je
préfère), la majesté des sommets, les Semaines fédérales, tous les brevets
longue distance : 3 Paris-Brest-Paris ; soit, pour l’instant 56 ans
de vélo par tous les temps et des voyages qui m’ont offert l’immense plaisir
de rencontrer Jean Ferrat à Antraigues-sur-Volane. En
1963, ma première Semaine fédérale à Saint-Antonin-Noble-Val dans le Tarn
(82), réunit 600 participants. Les organisateurs avaient demandé des
volontaires pour l’accueil des cyclos. Nous sommes donc redescendus à vélo
nous, c’est-à-dire quelques cyclos du club de l’U.S. Métro et de l’U.S.
Saint-Denis (93) Nul
ne me reprochera d’être un tantinet nostalgique de cette époque où le nombre
de participants permettait à ces rencontres d’être très familiales et
conviviales ; mais la foule qui se presse aujourd’hui, si elle engendre
une autre ambiance, reste un formidable témoignage de fraternité dans
l’effort et l’amour de la nature. Il
me souvient à la mémoire trois petites anecdotes du temps passé, anecdotes
parmi tant d’autres et je tiens à vous les confier, tant elles sont restées
gravées dans mon souvenir. La
première qui aurait pu se terminer tragiquement, au cours de mon premier
Cerbère-Hendaye (2 septembre 1965).
Conditions météo épouvantables, tempête, neige, pluie, orage me
surprennent à Sainte-Marie-de-Campan, route impraticable à 4 km du Tourmalet
avec 40 cm de neige. Après cette pénible ascension, vélo sur l’épaule, à 2 h
du matin, accueil très rafraîchi d’un hôtelier ne comprenant pas ce que je
« foutais » là dans cette galère ! Son
voisin plus sympa m’a offert une soupe bien chaude et un bon lit ! De
quoi reprendre des forces et ne pas mourir de froid. Le cœur et le corps bien
réchauffés. Le
lendemain, descente avec le chasse-neige jusqu’à Luz-Saint-Sauveur d’où je
reprenais la route grâce à une météo plus favorable. Contrôle à la gendarmerie
d’Argelès-Gazost où j’apprends que je suis à la « une » dans la
Dépêche du Midi ! Les
cols du Soulor et de l’Aubisque étant fermés, je dévie sur Lourdes pour
reprendre le circuit initial. « Miracle !» un soleil généreux est
revenu ; je traverse le beau Pays basque que je connais déjà bien :
col d’Osquish via Saint-Jean-Pied-de-Port, Hendaye. Pour
réussir un tel circuit, il faut, certes, de bonnes jambes, mais aussi de la
persévérance. Et malgré toutes ces péripéties, tout se termine bien et la médaille
d’or vint récompenser cette belle aventure. 20
ans plus tard, 2e Cerbères-Hendaye accompagné d’un superbe beau
temps. Aucun problème.
Voici
donc ma 2e anecdote. C’était un 15 août. Un soir, au val d’Aoste
(Italie), au cours de mon 1er tour du mont Blanc, je ne trouve pas
à me loger, tout est complet, je me réfugie dans un garage. Le maître des lieux
me découvre et je me retrouve quelques instants plus tard devant un bon repas
puis conduit dans une chambre et le lendemain matin, petit déjeuner copieux à
table avec eux. Je veux bien sûr régler la note mais il n’en est pas
question. « Bonne route », me crie toute la famille, tandis que je
m’éloigne. Ça ne s’oublie pas ! Enfin,
ma 3e anecdote, pleine de souvenirs … c’est comme si c’était
hier ! En 1976, Semaine fédérale à Valence (Drôme), sponsorisée par
R.M.C., célèbre station de radio dont personne n’a oublié la célèbre émission
de Zappy Max : « Quitte ou double ». A la fin de cette
semaine, nous avons été invités par la famille De Mongolfier dont l’un des
descendants directs faisait partie du club de l’U.S. Métro. Le château de famille
se trouve à St-Marcel-lès-Annonay où nous avons le privilège de consulter les
archives de cette noble famille ; puis nous avons passé la nuit (une
bonne vingtaine de cyclos) au château. Merci encore Alban, pour cette journée
inoubliable … Quelques années plus tard, participant à la Semaine fédérale de
Crest, je passai à St-Marcel où je fus reçu, avec beaucoup de gentillesse,
par un frère d’Alban. A mon avis, ce fut un grand tournant par rapport au
nombre de participants qui a triplé, voire quadruplé depuis 1963. Ainsi,
pendant près de 30 ans, ma fidèle bicyclette me transporte aussi sur mes
différents lieux de travail. Et toute cette aventure a débuté par la réussite
tant attendue d’un examen oublié aujourd’hui, mais très important à
l’époque : « le certif ». Alors, j’ai pu au fil des ans donner
forme à mes rêves de km parcourus toujours sur deux roues. Il n’était pas
encore question de pollution !
Hommages
aussi au 1er président du club U.S. Métro : Robert
Chartrain ; à J.-C. Devanneaux, compagnon de nombreux brevets ;
également Roger Outrequin, un des présidents d’après guerre, des Audax
parisiens et pendant de longues années, président de la ligue Ile-de-France,
sans oublier Guy Boissière, président de l’U.A.F. de 1958 à 1981, toujours
bon pied bon œil ; hommages de même à Pierre Kræmer dit « la Gaule », dit « le
Gaulois », compagnon de route de nombreux brevets et je ne peux terminer
sans penser à notre camarade Michel Monzie dont l’accueil fut si chaleureux
lors de mon entrée au C.V.P. A
tous, encore merci ! Bernard SCHNEIDER |
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